à la boucherie de mon coin
par Minloute le, 07/09/2004Il y a quelques années, ma fille avait 13 ans et un jour qu'on parlait avec mon beau-père d'aller acheter de la saucisse dans une boucherie dans les Landes, ma fille m'a demandé ce que c'était qu'une boucherie;
Eh bien après avoir été très surpris, c'est vrai que l'on ne connaissait que les rayons de viande sous cellophane, on l'a emmené et on lui a dit que ça allait être beau. Patatra ce n'était pas un vrai boucher avec la viande sur l'étal mais derrière dans des frigos, elle n'a pas trouvé cela bien intéressant.
Alors pour tout le monde, je vais vous raconter la boucherie de mon enfance.
La boucherie était tenue par Edouard, Edouard c'était un vieux qui avait des cheveux blancs, moi je ne le voyais pas beaucoup dans la boutique, souvent il s'occupait sur la table de bois de gauche de couper la viande en morceaux avec des hachoirs.
Et réfléchissez avec moi, c'est le genre de magasins où l'on se comporte comme chez le médecin. On rentre, on dit bonjour aux gens, mais c'est à peine si on s'adresse au boucher, chut, il est déjà occupé à découper la viande et il s'occupe d'un client à la fois. Les femmes parlent ensemble mais pas comme chez le marchand de légumes, car le marchand de légumes il peut peser, emballer en même temps qu'il parle.
Mais le boucher non, c'était un peu comme un médecin, pour chaque client c'était un rituel.
Je vais parler d'Omer et Marthe les ouvriers qui ont repris le commerce après lui.
Omer avait de la prestance, une voix un peu forte, il s'adressait à sa première cliente, <
Il s'adressait à sa première cliente personnellement, il prenait la commande et puis il disparaissait dans la chambre froide, il ramenait un gros morceau de viande, et puis il le mettait sur la table en bois derrière le comptoir, il avait montré d'un coup d'œil à sa cliente le morceau de viande, il se faisait confirmer le nombre de steaks ou de côtes à couper dans la carcasse tout en tournant le dos à la cliente. Alors les femmes parlaient, mais à voix presque basse, à moins que Marthe la femme à Omer prenne la parole.
Omer en coupant la viande se mettait de biais comme ça on le voyait prendre plusieurs sortes de couteaux, ça dépendait de la viande et on le regardait découper délicatement des tranches de viande qu'il déposait de façon franche dans le papier d'emballage qui était rose à l'extérieur, il le montrait à la cliente puis il prenait alors son crayon de bois qu'il avait laissé sur son oreille.
Il regardait par-dessous la balance et il mettait un prix sur la feuille d'emballage et il demandait après si il y avait encore quelque chose à rajouter, et c'est Marthe qui encaissait.
J'aimais les saucissons frais qu'il faisait, jamais, jamais je n'ai retrouvé ce goût là, c'était sacrément bon.
Quand il avait fini avec une cliente, il recommençait son rituel.
Les années ont passé, le magasin Cora est arrivé et les gens ne passaient plus leur matinée à aller chez le boucher, le marchand de légumes, et la coopérative, sans oublier la boulangerie.
Les habitudes ont changé, les prix du boucher semblent très chers, ce n'était pas la même viande mais c'était dans l'air du temps, les supermarchés hypermarchés sont arrivés partout.
Voila j'ai été long mais peut-être qu'un jour il va y avoir des historiens qui vont expliquer celà à nos petits enfants.
"Je vais vous raconter où vos arrières grands parents faisaient leurs courses", nos chers bambins riront bien en avalant une pilule de vitamine transgénique, goût mandarine.
je voudrais ajouter que Omer en posant la viande sur la balance lançait toujours "alors voila" on devait etre du meme coin

