trente ans de travail au fond
par kiki le, 04/08/2007Relais le magazine mensuel de la règion minière du Nord-Pas-De-Calais N° 100 de Janvier 1978
Une interview d'Emile Toillon médaille d'or des mines 1977
Ne pouvant, dans ce numéro dédiè aux mineurs, ni retracer la longue histoire des travailleurs de la mine, ni honorer individuellement tous ceux qui, cette année encore, se sont vu décerner la Médaille des Mines ou celle du Travail, Relais a choisi l'un d'entre eux pour, à travers sa personne, rendre hommage à la profession tout entière.
M. Emile Toillon, ouvrier décadreur au Siège 3/15 de Courrières a reçu cette année la Médaille d'Or des Mines pour sa participation à des sauvetages et pour ses qualités professionnelles. Issu d'une famille de mineurs, Emile Toillon est né le 1 er Décembre 1930 à Harnes. Sa carrière au fond a commencé il y a plus de trente ans à la fosse 21 à Harnes. Il est mariè et père de cing enfants. Les trois frères de M. toillon sont également mineurs, mais l'un d'entre eux s'est converti et un autre est maintenant à la retraite.
Relais a demandé à Emile Toillon de raconter sa vie au fond, ce qu'il a fait simplement en toute modestie.
Relais : Comment êtes vous devenu mineur ?
E. Toillon : Je suis fils de mineur. Mon grand-pére était mineur. Quand on est jeune, on veut gagner de l'argent et faire comme ses parents. Ils n'étaient pas d'accord pour que je travaille à la mine. J'ai étè à l'école pour être ajusteur... je n'ai donc commencé qu'à l'âge de 15 ans directement au fond comme galibot. C'était au début de 1946 à la fosse 21 à Harnes.
La vie de galobot ?
C'était dur, il fallait pour changer de roulage mettre les berlines vides du côté des pleins. Il n'y avait pas de plat ni d'aiguillage. On mettait une grande tôle sur les deux roulages. On engageait la berline vide sur la tôle, puis on la ripait du côté plein. On faisait 1/2 heure de rabiot par jour. Ce n'était pas récupérable. C'était payé. J'ai fait cela jusqu'à 18 ans. Puis, à la suite d'une appendicite, j'ai été graisseur pendant un an, toujours avec un salaire de galibot.
Après avoir été graisseur ?
Pour avoir un peu plus de dimanches, j'ai demandé à partir à l'abattage avec mon père. Les choses sérieuses ont commencé. Mon père était traceur. Alors je suis parti avec lui comme aide-traceur. Quand il n'y avait pas de travail au traçage, on allait en taille. Je faisais équipe avec mon père. C'était dur. Mon père ne rigolait pas. Pendant le travail, je n'étais pas son garçon : travail... travail. C'est mon père qui m'a formé. Il avait été chef de taille dans les tailles écoles des futurs agents de maitrise.
Comment cela se passait ?
C'était l'abattage au piqueur. Dans les tailles on avait des pelles à 7 cotes, des escoupes comme on appelait ça. Il fallait s'en donner. Comme installations en taille, il y avait les couloirs oscillants. Quand on avait une hauteur d'un mètre, c'était beau. On travaillait au mètre. J'ai appris à boiser avec mon père. Lorsqu'il a pris de l'âge, il a quitté l'abattage et je me suis débrouillé seul. Puis en 1951, je suis parti en Allemagne pour mon service Militaire.
Ci-joint photo d'Emile Toillon provenant du Relais n° 100 de Janv 1978
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