Mineurs d'Artois
par kiki le, 05/08/2007MINEURS D’ARTOIS
Jadis, au fil des ans, tes ancêtres gaulois
Ont défriché les champs du vieux pays d’Artois
Et, des siècles durant, penchés sur leurs sillons
Ignoré le printemps de plus rudes moissons.
Ton génie téméraire a trouvé dans la terre
Un grenier millénaire entouré de mystère,
Où tu vas affronter le funeste réveil
D’un monde inanimé tiré d’un long sommeil
Dans les futaies de fer des obscurs champs miniers
Où tu fais de l’enfer ton séjour familier,
De noirs monstres d’airain labourent les cailloux
De guérets souterrains où l’on marche à genoux
Et l’immense rouet du grêle campanile,
Etrangement muet dans sa course fébrile,
Tisse inlassablement sans rêve et sans amour,
De son rythme obsédant, la trame des tes jours.
Dans le ciel des corons, les hauts terrils arides
Qui cachent l’horizon de triangles livides
Resteront désormais l’emblème d’un courage
Dont ils sont à jamais l’éloquent témoignage.
La mine a pour décors de sombres paysages.
Elle a durci ton corps et marqué ton visage;
Mais elle est le creuset d’une race de frères
Qui savent partager leurs joies et leurs misères.
Le plus pauvre des tiens, si l’autre est malheureux,
Même s’il n’a plus rien, sait qu’il en a pour deux.
La richesse du cœur est le trésor commun
Où puisent les mineurs quand frappe le destin.
Rentré dans ton foyer plein de rires d’enfants,
Tu reprends volontiers tous les rites d’antan
Et les gestes sacrés des tâches éternelles
Qui, jadis, ont forgé tes vertus immortelles.
Vers la terre penché dans l’ombre d’un rosier,
Attentif aux nichées de ton vieux colombier,
Tu retrouves d’instinct toute ta poésie
Cachée dans ton jardin aux sources de la Vie.
Jean Claye
Couverture du Relais magazine mensuel de la région minière Décembre 1970 N° 22.