Charbon la Fin, place à l'avenir (1)
par kiki le, 14/09/2007Du premier sondage au dernier terril
Certes la découverte du charbon à Oignies en 1842 a été importante. Elle a permis de localiser le prolongement du gisement du Nord. Mais un siècle auparavant, on exploitait déjà des veines peu profondes à Anzin et dans les environs.
En réalité, tout a commencé au XVII ème siècle. En 1669, Racine fait jouer « Athalie » et La Bruyère achève d’écrire « Les Caractères ». Denis Papin invente la première machine à vapeur et un nouvel instrument de musique est crée : la clarinette.
Cette année là, le duc de Montauzier obtient une concession de 40 ans sur le territoire d’Hardinghen dans le Boulonnais. Quatre ans plus tard y commence l’extraction charbonnière sur un gisement de faible profondeur. La première « gaillette » du nord de la France surgit donc loin des limites du futur bassin minier. Le Hainaut français attendra encore une vingtaine d’années. Le premier chantier s’ouvrira le 3 février 1720 à Fresnes-sur-Escaut.
Plus tard, la révolution, dont les troupes avaient conquis des territoires dans la future Belgique, vint troubler l’extraction. Pour des raisons purement économiques, on luttait déjà pour un prix de revient le plus faible possible. Les biens confisqués par la constituante en 1791 peuvent être rachetés grâce à la Convention. Les actionnaires de la compagnie d’Anzin ne ratent pas l’occasion. Ayant rassemblé deux millions de francs, ils reconstituent leur domaine en un an. La République entrera dans le capital de la Compagnie. La Convention voulait faire du sous-sol une propriété de l’état. On retrouvera cette même préoccupation lors de la nationalisation des Houillères en 1945.
L’empire crée la concession
Cependant, les mouvements de troupes dans le Valenciennois avaient réduit la production. La République se tourna vers Hardinghen. L’empire renforcera, en 1810, la présence de l’Etat en introduisant la notion de concession.
La chute de Napoléon ouvre une période de paix relative. Elle permet aux industriels de travailler. Les sondages vont bon train pour évaluer les réserves. Anzin envisage même d’acquérir des parts de concession dans le Borinage.
Vers 1830, on sonde partout où c’est possible. C’est que les aciéries produisent la fonte dont on se sert pour les constructions. Elles ont besoin de charbon pour réduire le minerai de fer. La France gratte son sous-sol de la Loire au Gard. C’est l’explosion. Ainsi, les actions de la compagnie de Douchy, après la découverte d’un filon prometteur, passent de 3 000 à 300 000 F.
C’est à cette époque qu’est inventé le trépan. Il simplifiera la pratique des sondages qui étaient encore réalisés en creusant des puits. Les coûts sont lès lors divisés par dix.
Des luttes sans fin
A cette époque apparaît Du Souich, un obscur ingénieur du Pas-de-Calais. Il crée une société de recherches dont les résultats ne seront pas immédiats. On croit encore que le bassin du Nord se dirige plein ouest. Nul ne songe qu’il s’incurve, qu’il faut chercher ailleurs. On explorera même sous le cap Gris Nez et les Anglais feront de même à Douvres en 1890.
La découverte du charbon à Oignies par l’ingénieur Mulot a permis de situer le prolongement du bassin. Dés lors, l’évolution va se limiter à des luttes entre compagnies, seulement unies dans le « Comité des Mines ». Ce dernier leur permet de régler quelques grandes questions. Pour le reste, la concurrence est la loi.
La fièvre du charbon
Sous la III ème République, les limites du bassin sont définitivement connues. La « fièvre du charbon » accompagne la jeune république. On sonde à tout va, quels que soient les coûts et les chances. Seules seront productives les concessions de Courcelles-les-Lens et de Drocourt.
Le bassin s’accroît en surface vers le sud.
La haute main de l’Etat sur l’attribution des concessions a un effet positif. Ne calquant pas dans le sous-sol de découpage des communes, elle évite le fractionnement stupide, notamment pour les nappes phréatiques. Mais, cette mesure, qui respecte le principe de la ligne droite, explique certaines curiosités de surface. Ansi, la fosse 3 de Liévin aux confins sud de Lens et le 3 de Lens au cœur de Liévin à 400 m du 1 de Liévin.
Ensuite, la situation du bassin ne changera plus jusqu’à la nationalisation et en dépit des dégâts causés par la grande guerre . Les transformations viendront du machinisme et des technologies nouvelles, de la quête de la sécurité, de la réduction du temps de travail, de la distillation du charbon sous des formes de plus en plus poussées.
Puis viendra la prise de conscience de l’existence d’un patrimoine et d’une richesse humaine jusque là ignorés. La dernière bataille sera celle de la chaîne des terris. Ce qui était noir, rejeté, honteux est devenu positif, glorieux… récupérable.
La voix du Nord du 22 déc 1990.