Charbon la fin, place à l'avenir (fin)
par kiki le, 16/09/2007Histoire 1720-1990 : Onze époques charbonnières
1960 Mauvaise tournure
La modernisation a poursuivi son chemin, le rendement aussi : 1500 kg en 1960. Et pourtant, voilà qu’on suspend l’embauche et qu’au lieu de toujours produire plus, on découvre, effaré, qu’il va falloir se limiter : instances européennes et coût de l’énergie obligent ! A l’ouest, le gisement s’épuise, les stocks s’accumulent sur les carreaux. Les mineurs vont devoir reprendre le chemin de l’est. C’est l’histoire qui tourne à l’envers. En mars 1963, un immense mouvement social, reflet d’une grande inquiétude, étonne la France et annonce le vacillement de l’économie houillère. Le bassin est désormais vulnérable.
1965 La rigueur impitoyable des lois économiques
Dans la compétition, le bassin souffre de sa configuration. Il est handicapé par une exploitation considérée comme la plus difficile d’Europe. Il va falloir affronter les incontournables lois de l’économie moderne et de l’énergie à moindre coût. Le pétrole et le gaz sont d’impitoyables concurrents. On ne peut éviter d’envisager la fin de l’exploitation et, avec elle, toutes ses conséquences. Entre le maintien à tout prix et l’arrêt rapide, c’est une solution médiane qui est retenue, intégrant les réalités techniques de l’exploitation, la loi des débouchés, et les nécessités sociales. On commence à parler « reclassement » et un mot nouveau, conversion, apparaît.
1980 Pilotage à vue
La « médecine » a produit l’effet espéré. En cinq , de 1969 à 1974, la production a diminué de moitié ( 19 à 9,2 millions). La conversion du personnel a été presque trop vive, l’effectif a fondu trop vite et, en 1973, il faut réembaucher pour ralentir cette chute de production. Le premier choc pétrolier pourrait être considéré comme providentiel pour la relance, avec un quadruplement du pris du pétrole. Mais le coût de l’extraction, l’approfondissement d’un gisement tourmenté, l’incertitude des réserves exploitables et la raréfaction de la main-d’œuvre font que la tendance, même ralentie, se maintient dans le sens de la récession.
1990 L’inéluctable
Dés janvier 1970 à Lens, le directeur général du bassin entrevoit la fin de l’extraction pour 1983. Oignies est déjà cité comme ultime bastion. Le pronostic sera retardé de sept ans. Socialement, le retrait se sera accompli sans licencier, mais « l’après-charbon » commence avec la dernière gaillette de ce 22 décembre. Problèmes à la mesure de l’entité humaine et économique, engendrée par le charbon en 270 ans. Le charbon passe. Certaines choses demeurent… On en reparlera pendant un bon bout de temps encore.
Fin.
Voix du Nord 22 Déc 1990.