Liévin, Catastrophe du 27 Décembre 1974 (1)
par kiki le, 04/11/2007Un communiqué de la direction des Houillères du bassin du Nord et du Pas-de-Calais
« Le 27 décembre, vers 6 h 15, une explosion s’est produite à la fosse n° 3 de Lens située sur le territoire de Liévin dans le quartier de Six-Sillon, au niveau – 710 m . Dans ce quartier étaient occupés des ouvriers à l’équipement du chantier d’abattage du charbon et dont l’exploitation devait débuter prochainement. L’alerte a été donnée immédiatement. Les équipes d’intervention du poste central de secours du bassin, accompagnées d’ingénieurs et d’agents de maîtrise des sièges de l’unité de production de Lens se sont rendues sur les lieux ainsi que les ingénieurs du service technique et le délégué mineur. Dés le début de la matinée, six blessés que l’explosion avait atteints alors qu’ils se trouvaient à l’entrée du quartier d’exploitation ont été dirigés vers les hôpitaux de la région.
Malheureusement, les explorations suivantes n’ont pas permis de trouver d’autres survivants. Le bilan de cette catastrophe se monte à quarante morts dont de très nombreux pères de famille et elle affecte particulièrement Lens, Liévin et Bully-Grenay.
Un quarante et unième est porté manquant et les recherches se poursuivent.
L’organisation des funérailles ainsi que leur date seront fixées samedi dans la matinée après concertation avec des organisations syndicales ».
Une prise de position de la fédération des mineurs C.F.D.T.
La fédération des mineurs C.F.D.T. s’incline devant les victimes de la douloureuse catastrophe minière de Liévin, qui a coûté la vie à 40 mineurs.
Cette catastrophe rappelle tragiquement que le métier de mineur reste toujours dangereux et particulièrement difficile. Au-delà de cette constatation, elle doit aussi rappeler à tous ceux qui ont des responsabilités dans la gestion des entreprises minières, que rien ne doit être négligé dans le domaine de l’amélioration des conditions de sécurité et d’hygiène au fond.
Nul ne doit ignorer que pendant trop longtemps, les impératifs techniques et économiques ainsi que la politique de liquidation des Houillères ont mis cette exigence au second plan. Il faut que cela cesse, la Fédération des mineurs tient à affirmer une nouvelle fois que le progrès technique et scientifique doit contribuer à rendre le travail plus humain et moins dangereux. Cela suppose :
- Un effort plus intense de recherche technique et scientifique dans le domaine de l’amélioration de l’hygiène et de la sécurité dans les mines.
- Une organisation du travail basée d’abord sur les impératifs humains.
- L’association du personnel à la recherche des solutions à mettre en œuvre pour améliorer la sécurité et les conditions de travail dans les chantiers.
- Une politique des effectifs donnant une souplesse plus grande dans l’organisation du travail afin d’utiliser une partie des effectifs aux travaux d’entretien et de sécurité.
La Fédération des mineurs C.F.D.T. estime que le gouvernement et la direction générale des Charbonnages de France, ne doivent pas se contenter de vaines déclarations d’intention, mais mettre en place dans les faits, les moyens financiers et techniques indispensables à l’amélioration de la sécurité dans les mines.
Une déclaration de la Fédération nationale du sous-sol ( C.G.T.) et l’Union des syndicats C.G.T. des mineurs du Nord – Pas-de-Calais
Une effroyable catastrophe minière bouleverse et endeuille notre corporation. Quarante camarades ont trouvé la mort dans un coup de grisou. Plusieurs autres ont été sérieusement blessés
La fédération nationale du sous-sol ( C.G.T. ) et l’Union des syndicats C.G.T. des mineurs du Nord – Pas-de-Calais s’inclinent devant la mémoire des victimes.
Elles présentent aux familles leurs fraternelles condoléances et les assurent de leur solidarité active dans cette période douloureuse qu’elles traversent. Elles souhaitent aux blessés un prompt et complet rétablissement.
Elles saluent le courage dont ont fait preuve les ouvriers et les porions du quartier Jeanne, et les sauveteurs qui ont tout mis en œuvre pour sauver le plus possible de camarades
Les causes de cette tragédie ne sont pas connues.
Les visites de sécurité n’avaient décelé aucune teneur anormale de grisou. Une enquête approfondie s’impose pour en déterminer les raisons. Notre organisation syndicale y contribuera avec tous les moyens dont elle dispose.
Au moment où la situation énergétique impose une augmentation de la production charbonnière, la catastrophe du 3 de Lens illustre la nécessité d’une vigilance permanente dans le domaine de l’hygiène et de la sécurité d’efforts sans cesse accrus pour la prévention et que le métier soit rémunéré en conséquence.
La fédération nationale et l’Union des syndicats appellent l’ensemble des mineurs de France à rendre le jour des obsèques un dernier hommage aux victimes et manifester leur volonté de voir mettre en œuvre tous les moyens susceptibles de garantir la vie et la santé des mineurs ».
Quatre photos avec légendes représentant la catastrophe de la mine du 3 de Lens à Liévin.
Photo 1 : M. Cuvelette, chef de l’unité de production de Lens, a participé aux opérations de secours. Auprès de lui, M. Liégeois, chef du service des relations publiques aux Houillères.
Photo 2 : L’un des premiers sauveteurs parle de la tragédie.
Photo 3 : Après plusieurs heures d’efforts, ces sauveteurs s’accordent un bref répit avant de retourner au fond au secours de leurs camarades.
Photo 4 : La grille s’est entrouverte, seules sont admises les familles des victimes identifiées.
Voix du Nord du 28 Déc 1974.


