femme de mineur
par kiki le, 24/11/2007Femme de mineur :
« Nous étions fières d’eux, oh oui ! »
« Cette scène de la photo date du temps de nos parents. Mon père aussi était mineur. Mais ce chaudron au premier plan, je l’ai connu. Je faisais chauffer l’eau dans un chaudron semblable pour le retour de mon mari. On mettait ensuite le chaudron dans une baignoire en zinc, dans la cuisine près du poële. Dans cette cité, qui n’a pas encore été rénovée, une maison sur trois n’a pas de salle de bains. On se sert encore des baquets ».
Suzanne Gratpanche est veuve depuis trois ans. Elle vit à Billy Montigny. Son mari Eloi avait travaillé pendant 30 ans à la mine, neuf ans à l’abattage et ensuite comme tuyauteur. Il a été »recouvert » deux fois. Triple fracture du bassin, blessures diverses. Ils ont eu cinq enfants.
« Notre rôle à nous les femmes était de nous intéresser à leur vie. On parlait de tout sauf de notre peur. Ca c’était quelque chose qu’on ne voulait pas leur dire. On en discutait entre femmes dans la cité. Vous savez c’est comme une grange famille. On a tous les mêmes problèmes ».
« Je n’ai jamais travaillé. Il y avait la mentalité du mineur qui voulait que la femme reste au foyer. Ils avaient leur fierté. Mais j’ai fait du cathé, je suis responsable d’une fraternité de malades. Il a fallu que je tienne bon.
Ils avaient aussi leur fierté. Ils pansaient « on est des ouvriers mais on vaut autant que les autres ». Et vous savez on en était fières nous aussi fières, oh oui !
Comme sur la photo, notre façon de la montrer à nous les femmes c’était de leur porter une attention constante, de bien tenir la maison, de veiller que les enfants soient propres, bien élevés, qu’ils puissent faire des études quand ils en avaient les capacités, aller en colonie, de leur laver leurs bleus évidemment. C’était notre vie. Je ne regrette rien.
Voix du Nord 22 Dec 1990
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