l'brin dins che gardins
par Minloute le, 10/08/2004Ah c'est vrai que les légumes du voisin étaient beaux mais à quel prix !
Enfin pas pour lui mais nous !
Souvenez vous de l'odeur qui flottait dans les jardins quand il faisait chaud.
Un jour le voisin a donné des légumes à mon père, quand j'ai su qu'ils venaient du jardin du voisin, je ne voulais pas en manger.
Alors ma mère me dit: pourquoi tu n'en manges pas, tu aimes ça d'habitude.
Je lui ai dit que je ne voulais pas manger des légumes qui sentaient l'brin.
Ma mère a ri puis m'a expliqué qu'elle les avait lavé et tout et tout mais rien à faire je n'en ai pas mangé.
Chez moi dans les cabinets il y avait un trou rebouché par une plaque et en dessous il y avait "ch'brin".
Quand le cabinet était plein, ça se voyait par le trou, où l'on s'asseyait, mon père mettait un produit pour que ça ne sente pas trop et deux jours après avec une corde et des seaux il vidait les cabinets. Il vidait les seaux dans le jardin, il en avait pour au moins deux heures.
Mais il fallait voir les légumes que l'on récoltait, je n'ai jamais vu des carottes et des pommes de terre pareilles !
Je les mangeais tout crus, encore aujourd'hui mais les légumes n'ont plus le même goût.
Tout cela pour vous dire que c'étaient des produits naturels.
Les normes européennes n'existaient pas encore.
Mon père ne mettait pas un chapeau, ni une blouse blanche, ni des gants pour vider les cabinets mais c'était déjà BIO.
Le produit que l'on mettait dans les cabinets, c'était du sulfate de fer qu'on achetait à la droguerie, on en mettait un bon kilo. Dans les années 60 j'en ai vendu des centaines de kilos, mais déjà les gens faisaient venir le camion pour vider.
Mon père aussi le mettait dans son jardin, mais pour puiser il utilisait, comme beaucoup de monde à l'époque dans les années 50 et même plus tard, un casque allemand cloué au bout d'un long bâton.
Les restes de la guerre ont servi ! Mais ils ont été vite percés.