l'amour du métier : mythe ou réalité
par Olszanski le, 28/10/2008La Voix du Nord dans son édition du samedi propose dans sa page de Bruay un débat sur l'amour que le mineur portait à son métier : mythe ou réalité ? Le journal y confronte le point de vue d'un militant de l'Association des Amis de Joseph Tournel et celui d'un ancien mineur du musée de la mine d'Auchel.
Il est possible de lire l'article sur le site de la Voix du Nord...
j'vas résumer, j'ai travaillé al'fosse de 1953 à 1959, j'ai quitté passe que j'ai un copain qui a été tué à coté ed'mi, et ben cor ach'teur j'dis et j'répète que ch'est ech'plus bieau métier du monte, et que ch'est ch'ti qu'j'argrette el'plus
J'peux foque parler d'comarates porions, chef porions, géomète. Tertouss avote el fierté d'leu métier et in parlote avec passion. Un samdi soir, in étot rassané dins l'mason d'Simon, chef porion et in s'apprétot à daller au bal. Mais Simon i'a archu un cop d'fil pou un problème au fond. I nous a quitté pou déquinte à l'fosse vir chu qui s'passot. Et in l'a pu vu dé l'sorée.
par Olszanski le, 30/10/2008Soixante ans après le déclenchement des grandes grèves de mineurs de 1948, commémorées cette semaine au pied du chevalement potence de Calonne-Ricouart, nous nous sommes demandé quelle image, vous, lecteurs, conserviez de ce métier de mineur qui a forgé l'identité du territoire. D'où l'idée de confronter deux points de vue radicalement opposés. Celui de Jacques Kmieciak, animateur de l'association des Amis de Joseph Tournel, pour qui la mine n'était rien d'autre qu'un abattoir, à celui d'Henri Blédel, cofondateur du musée de la mine d'Auchel où il assure, à 81 ans, des visites guidées avec la vigueur d'un galibot.
Par Arnaud Déthée
Pour Jacques Kmieciak : « Aller à la mine, c'était aller à la mort. À l'image de Joseph Tournel, j'ai toujours voulu tordre le coup au mythe du mineur qui aimait son métier. Il suffisait d'ailleurs de leur demander s'ils voulaient que leurs gamins les suivent au fond pour qu'il vous réponde "surtout pas"... Je suis foncièrement opposé à cette mythologie dominante et mensongère qui a d'abord servi les intérêts du patronat. Un patronat sans pitié, notamment avec les mineurs grévistes, qu'il obligeait à quitter leur logement sous 48 heures... Si solidarité minière il y a eu, c'est uniquement face au danger et dans le combat pour la lutte des classes. Comment aimer un métier où, à tout moment, on pouvait perdre la vie, se retrouver mutilé, silicosé ? La « fierté des mineur » a été une supercherie entretenue par les Houillères, rien de plus.
Les catastrophes de Courrières, de Liévin et d'ailleurs sont des crimes impunis, commis par des gens qui ont fait fortune sur le dos du peuple... »
Pour Henri Blédel : « Mineur, c'était un métier dur, mais vu la conjoncture de l'époque, c'était d'abord un métier acceptable. J'ai travaillé pendant 35 ans "en dessous des vivants" comme on disait. À Auchel, Haillicourt et Sallaumines. Je sais de quoi je parle... Au fond, ça chambrait sans arrêt, mais chacun veillait sur son voisin comme sur un frère. On était payé collectivement (jusqu'en 1947, NDLR), ça aidait à créer un esprit de corps. Et puis, on était considéré. C'était valorisant de travailler au redressement du pays. Grâce au métier, je suis parti pour la première fois de ma vie en vacances. Au centre des Houillères de la Napoule, sur la côte d'Azur. On passait des entrailles de la terre à la lumière du midi.
C'était magnifique... On avait aussi le logement et le médecin gratuit. Des avantages sociaux sont arrivés avec les nationalisations. Y'avait des concours, on pouvait gagner un cochon ou un vélo, c'était bien. Et puis, à 14 ans, ramener de l'argent à la maison, ça permettait de faire vivre les siens et d'avoir son dimanche. Je me souviens que j'étais très fier de ça. Je fanfaronnais souvent. Le métier de mineur m'a appris à avoir du courage et à connaître la valeur du mot travail.
C'est quelque chose d'authentique, de précieux. J'essaie de transmettre ça aux enfants aujourd'hui... »
BIEN SUR qu'y avot l'amour du métier , mais ch'est suremint passe qu'in en'connaichot qu'cha, el'solidarité al'étot bien réelle, aussi bien au fond que dins ch'coron, et pi el fierté ed'ramner es'quinzaine, même si al étot maigrichonne
min père qui est mort silicosé à 100 pour cent à 67 ans i a été licencié, et fait 4 mos ed'prijon à Béthune in 1948, voila à quoi cha l'a amené à armonter la France, mais i a jamais argretté
et ch'est pour cha qu'aujourd'hui, mi a 70 ans ech'sus fier d'avoir été mineur, fier ed'min père, et j'essaie d'in parler ed'timps in timps mais cha n'touche vraimint pas ches gins, qui s'rintent et pas compte que ch'est grace à tous ces gins là qu'ach'teur in vit mieux avec ches avantaches gagnés par nos anciens
en lisant cet article, il me revient de nombreuses réflexions et images du passé.
Quand j'entendais mon père parler de son métier, je ne l'ai jamais entendu en dire du mal.
Je crois que finalement les deux points de vue sont justes et que j'ai entendu aussi bien dire: t'iras au fond min garchon que, n'fait pon ch'métier là.
il n'en reste pas moins qu'une culture, un état d'esprit ont marqué notre région (et toutes les régions minières) sur fond de dureté du métier, mais aussi de solidarité, de sueur, de courage et d'amour du travail bien fait.
bref ce sujet mériterait une thèse approfondie mais ce qui est sur ce sont les valeurs qui ont découlé de cette période et qui restent malgré tout, bien que s'estompant avec les années.
ce sont peut-être ces valeurs en perdition qui ont attiré tant de monde dans les salles obscures pour voir un "certain" film.