escapade sur le terril du N°3 à Bruay
par stemp62 le, 15/11/2009J'ai grandi dans la rue de mars à DIVION et dans le champ devant l'habitation de mes parents se dressait majestueusement le TERRIL du N°3 de Bruay... Durant mon enfance, j'ai toujours été fasciné par les dimensions de ce terril et gamin, je le trouvais même mystérieux... Je me demandais toujours ce que l'on pouvait y voir de là haut, si c'était dangereux d'y grimper car on entendait souvent des histoires de sorcières et autres, destinées à faire peur aux enfants, afin de les dissuader de gravir ces masses de roches. Il était dit, quand j'étais enfant, qu'une sorcière vivait dans le terril et qu'elle sortait le soir pour voler sur son balai.. Une trappe avec une chaîne existait sur la pointe du terril et c'est de cet endroit que la soi disant sorcière sortait la nuit... Cette histoire m'a toujours intrigué et un beau jour, quand je me suis senti assez grand pour escalader ce terril, assez courageux pour vérifier cette histoire de trappe et assez aventurier pour découvrir le monde qui m'entourait, du haut de mes 10 ans, je me suis lancé dans une expédition tel un indiana jones, pour enfin trouver des réponses à mes questions..
j'avais pris un petit sac avec de l'eau et des biscuits mais j'avais pris également la précaution de me munir d'un petit couteau en cas de mauvaise rencontre avec une sorcière...
Je me souviens encore de ce moment et il restera gravé pour toujours... J'ai passé de longues minutes à contempler ce terril auquel j'allais m'attaquer.. je le trouvais vraiment très haut.. J'étais en bordure du champ qu'il fallait traverser pour le gravir, environ à 200 mètres de mon but... et j'observais.. certain d'accomplir quelque chose qui allait bouleverser mon enfance..
Puis je me suis mis en marche, plus j'avançais et plus le terril devenait imposant... un petit frisson vous parcourt toujours l'échine dans ces circonstances.. j'ai continué ma progression et arrivé au bord du terril, comme il était bombé, je n'en voyais plus la pointe...
Je découvrais enfin de quoi était fait un terril... la roche noire était friable , parfois même poussiéreuse, je savais que j'allais pouvoir taper de la pointe de mes chaussures comme un alpiniste pour y creuser des marches et grimper plus facilement... A certains endroits de la façade parfois abrupte, la roche noire était dure et j'avais besoin de mon petit couteau pour y creuser mes marches.. Après avoir rejoint le 1er étage du terril, j'ai suivi la route en colimaçon qui m'amena jusqu'à la pointe.. En cours de route, j'ai pu voir une végétation variée qui poussait sur cette base de roche et même aussi des arbres.. De nombreux lièvres s'enfuyaient à mon arrivée et j'ai pu me rendre compte qu'il s'était développé tout un éco système.. La nature fait bien les choses, la vie se crée et prospère même sur des roches venues des entrailles de la terre..
Sur un pan de la façade qui était creusée, la roche était orangée et en m'approchant, j'ai pu voir des petites roches de schiste ou l'on trouvait des insectes ou des plantes fossilisés.. incroyable !! j'étais fier de ma découverte.. mon aventure était finalement pleine de surprises..
J'ai donc atteint le sommet par la route en prenant le temps de regarder la région vue d'en haut et d'admirer cette vue imprenable... J'avais le coeur léger, surtout quand je me suis aperçu qu'il n'existait pas de trappe et pas de chaîne... Je voyais le cimetière du N°3, l'hôtel de ville de Bruay, de l'autre côté je voyais Divion et mon école de la cité 30 rue Romain Roland et bien sur, de ma position privilégiée, je pouvais aussi très nettement observer la maison de mes parents et voir ce que les habitants de la rue faisaient... Quel spectacle !!! rien de moins que le spectacle de la vie finalement..
Ce qui m'a marqué une fois en haut du terril, c'était les bruits d'en bas qui parvenaient jusqu'à moi comme les moteurs des tondeuses, car l'été était là, ou même des cris d'autres enfants qui s'amusaient vivement..
Voilà une expérience qui a marqué mon enfance.. J'invite les gens à venir marcher sur les vestiges de notre patrimoine du bassin minier.. nombreux sont ceux qui regardent ces montagnes du nord mais qui ne s'y sont jamais aventuré... quel dommage en terme d'expérience.. peut être la peur ancienne de la sorcière qui sait !!!


