Biêtises d'éfants partie 1/3
par gabriel le, 22/04/2019Texte 1
Andérien (Adrien) et Batisse sont à raviser des choleurs (joueurs de chole*) su’l’plache du villache.
Ils arotent bin voulu juer mais is sont trop jones à chou qu’in leu dit.
Vla-ti pas qu’un des jueux a souo et qu’i imbarque s’étchipe (équipe) aveuc li.
D’un cop, Andérien s’lèfe et déclaque (s’écrie) :
« Habile, prins un maille (maillet) et in jue ! »
Batisse fait tout comme li dit sin chonchon (camarade), i prind un maille et rembuque (frappe) ed toutes ches forches su l’cholette.
BERDOUF ! Direc sur carriau du bistrot.
Andérien et Batisse, sans dire mot, is ont tout laché et s’sont insauvés (sauvés).
*jeu de chole
Jeu qui consiste à pousser une boule de bois (la cholette) vers un but (la tape) au moyen d’une crosse ou maillet (maille) en un minimum de coups. Ce maillet a un bord plat et un bord pic (pointu).
Les joueurs (choleux) placent la boule sur une élévation (lomon) et cholent (crossent :frappent ou poussent la boule au moyen de la crosse).
Après trois coups frappés par un joueur, le joueur adverse va décholer, c’est à dire qu’il va frapper la balle de son adversaire pour l'éloigner du but ou la placer en position difficile pour le coup suivant : c’est la décholure.
Texte 2
Flippe (Philipe) et Edsiré sont deux frères qui vientent d’avoèr leus étrennes. Is ont vidié (vidé) leu éparnemal (trirelire) et is sont à compter chou qu’i y a ddins.
Flippe dit :
-Les étrennes pusse l’gangnache (salaire) d’min ouvrage à l’cinse, … cha m’fait 9F50.
-Mi, aveuc les piaux d’lapin qu’j’ai vindus, cha m’a fait 3F, répond Edsiré.
-J’vouvros bien avoèr 10F pile.
-Et mi, j’voudros bin avoèr pusse.
-Dis, te voudros pas juer au bouchon* ?
-D’accord ! Mais in mise quo ?
-50 cintimes.
Et vlà les deux rambiles (garnement) à juer leu doupes (monnaie).
*Jeu du bouchon
Chaque joueur propose une mise qui sera placée sur un bouchon (bouch’nick).
Puis chaque joueur prend 2 pièces. La première (l’attiquant), ils vont la placer la plus proche du bouchon sans le faire tomber (juer l’attiquant) et avec autre, ils vont la faire frioler (frémir) pour buquer (frapper) le bouchon et le faire tomber (juer de la friolate). Le joueur qui a son attiquant le plus proche de la mise la ratruche (remporte). C’est surtout un jeu de garçons.
Variante : jeu du but (méte)
Chaque joueur a plusieurs pièces (l’attiquant devient le méte : le but) et des pièces de monnaie. Avec ses pièces, il doit faire tomber celles du bouchon le plus près de son méte qui seront à lui à la fin de la partie.
Texte 3
Françoés et Guss (Gustave) sont à tourner in rond au peignon (pignon) de leur mason. Guss est tout trisse car il a perdu ses doupes in juant au piquéliard * aveuc sin grand frère Françoés .
-Fais pas cette tiète ed loupe (exp : ne fais pas la tête), in va aller minger des gourselles (groseilles) dins l’courti de Marie-gralion (personne sale), li dit Françoés.
-D’accord, rinflique (répond) Guss. Porte-me à Saint-Quertophe (porter sur les épaules) que j’ravise si l’voés (voie) est libe.
Françoés porte donc sin frère qui, du haut d’in jouquoir (perchoir), mile (surveille) ed chaque côté.
« Ch’est bon, in peut y aller, qui dit à voèx (voix) bache Guss ».
Alors François aidie sin frère à passer dzus l’hayure. Mais ed l’aute côté, y avot des rosses (Gustave) et Guss i s’a tout dégriffé (égratigné) ses gambes alorse, i comminche à braire.
« Chut ! chut qui li dit Françoés ! »
Mais el braillache (pleurs) a fait vnir Marion-Gralion qui déboule dins sin gardin :
« Bin quoque te fais là Guss ? Et pourquo qu’te cahules (miauler comme un chat) ainsin ? »
*Jeu du piquéliard
Ce jeu consiste à faire une pile de pièces (de liard) et de la placer contre un mur. Celui qui fait basculer cette pile avec une bille remporte la mise.
Texte 4
Bergitte et Cicile sont à bourler (rouler) dins l’rincoin d’al grainche (grange). D’un cop, alles intindent du boucan dins l’cour d’al cince.
« Chut, qu’alle dit Bergitte à s’copin/ne. »
Les deux chochonnes arguettent par l’huche.
« Oh, ise l’maguette, comme alle est bellote ! dit Bergitte.
-Oh, alle a tout l’air amiteuse. Allons vir !
-Attind que ches adultes is s’in vont in voé (déguerpir).
Ches hommes ont ahoqué (accroché) l’biête pis sont aller boère une jatte.
Pindant, ch’timps-là, Bergitte et Cicile se démuchent et vont vire d’pus près.
-Oh l’paufe ! Alle est ahoquée à un picot (pieu) et alle n’a rin à mier, dit Bergitte.
-Désaque el picot, in va la mette pus lon.
A peine l’maguette libe, qu’alle s’rue (jette) vers courtil et comminche à minger les légueumes.
Pis alles intindent : « Crénon des iaux ! Qui qu’ch’est qui a défreumé l’biquette ? »
Saisies, les deusse filettes s’débinent sans raviser drière (derrière).
Gabriez Caux
Banque chtimi