au bruit du moteur
par minloute le, 12/04/2021Fin des années 60, "dins ché corons" ....
Nous habitions au coin de la rue Le Verrier et de la rue Anatole France , (la Route Nationale comme on l appelait aussi)
comme d 'habitude, je joue dans la cour, je ne m ' occupe pas trop de savoir quel est le véhicule qui vient de s engager rue Leverrier, rue en cul de sac ..
ce serait plus judicieux de dire, je n ai meme pas à lever la tete , car la plupart du temps ce sont des habitués qui tournent ici
c'était même l occasion parfois de les deviner " à l aveugle" et de vérifier ensuite .....
j 'entends le moteur de la panhard vert claire du fils Cateau qui vrombit , moteur au bruit si caractéristique , celui d'une batterie de casseroles, car le véhicule tourne rapidement dans la rue ...
par la fenetre entrouverte de la cuisine, j 'entends ou plutot je devine la sempiternelle reflexion de maman " un jour il va écraser quelqu un" ...
oui Maman , mais il y a déjà une autre voiture qui tourne dans la rue, ah fastoche, là c'est la "quat' chevaux" ..
le monsieur habite du coté de la Rue de Denain, il vient chaque jour rendre visite à ses parents qui habitent au numéro 18...
c'était l époque où les moteurs étaient plus bruyants, c'était aussi l époque où l on ne trouvait pas la meme motorisation d un modèle ou d une marque à l autre ....
avec une mention spéciale pour la marque Citroen , pour "l 'ensemble de son oeuvre"
tout d' abord le bruit feutré de la Citroen Traction,...... moteur caractéristique , meme sur des modèles en fin de vie comme celui d' Abel le cinsier , dont la tournée oeufs et beurre l' amenait à venir dans notre rue
bruit feutré, qui n avait rien à voir à celui plus aigu de la 2 cv ..
ah la 2 cv, petit moteur , mais la conduite "spéciale" de Louise Defernez , qui avait le pied lourd sur la pédale d accélérateur et l 'autre pied sur la pédale de frein , évoquait pour tout mélomane comme un "concerto pour bicylindre" ......
après c'était un peu plus compliqué pour différencier le bruit de l Ami 6, puis de l Ami 8 mais comme c était le cas pour Louise Defernez, la façon de conduire, en appuyant plus ou moins sur le champignon me permettait presque à coup sur d en deviner le conducteur
là c'est Monsieur Deprez qui rentre, Renault 8, et là c'est le fils du numéro 12 avec le meme véhicule mais avec une conduite que l on pourrait qualifier de "sportive"
"tet' d' sot" disaient certains, "y va laisser sin moteur sul'dale" disait un autre .....
il y avait bien des fois où je restais un peu dubitatif, alors j escaladais rapidement la cloture ajourée en béton, pour essayer de deviner rien qu à l ' arriere du véhicule, le modèle qui m avait échappé .......
ah là il n y a pas à hésiter.....
c'est l'heure où passent les marchands ambulants
le bruit du citroen hy tolé, accompagné de la cloche , voilà "Maîs" qui passe (cela fera l objet d un autre sujet à lui tout seul)
le vieux Peugeot de Monsieur Mouton , épicerie ambulante à lui tout seul, qui faisait une entrée remarquée dans notre rue, non pas par le bruit du moteur, mais il faut dire que Monsieur Mouton n' était pas avare pour donner des coups de klaxon .......
Dans la foulée, à croire qu ils font la tournée ensemble, "ch' marchand d'pain" et de son estafette
j étais toujours impressionné de voir que la conductrice roulait la porte avant ouverte
je me demandais comment elle faisait pour ne pas tomber sur la route, ce n était pas à mes yeux, la petite chainette fixée sur la gauche qui pourrait empécher son corps de passer par dessus e de finir écrasée sur le goudron de la route ..
nous on ne lui en prend pas, on prend notre pain chez les soeurs Balavoine dans la rue Anatole France
aujourd hui c'est vendredi, je suis chargé de faire la vigie .....
Maman n'est pas trop regardante, elle me laisse grimper sur la cloture en béton
je peux y rester le temps qu il faudra, je suis très attentif et puis je la vois arriver la camionette Peugeot .....
elle va faire demi tour tout au bout pour venir se garer juste devant chez nous , c'est monsieur Houppelin, le poissonnier ...
pour ma part, il y a belle lurette que je suis descendu de mon perchoir, en remontant toute la cour, je cours "comme un ébeulé" aurait précisé papa ..
j ' ouvre précipitamment la porte d' entrée , et je préviens maman , qui se saisit de son porte monnaie posé au coin du buffet et qui se dépèche d arriver sur le trottoir
"tombe pas Odette" crie mon père...
faut dire que Maman et cela ne remet pas en cause tout l amour et l admiration que je lui porte,.....
Maman marchait un peu comme un canard, mon frère la surnommait "le chasse neige" , car il lui arrivait de renverser un pot de fleur par si, ou de trébucher par là...
Papa avait beau lui dire, elle ne se serait jamais permise de faire attendre quelqu un , fallait qu elle arrive à la camionette, au moment où monsieur Houppelin, allait remonter le hayon arriere du véhicule ...
j allais oublier un autre bruit , celui là sans moteur, mais caractéristique, un bruit lourd, metallique, celui de la brouette aménagée du rémouleur qui passait de temps en temps ....
sans oublier les appels vocaux de "cachaloque piau d' lapin" et de sa charette , de la marchande de cresson avec ses sacs de toile de jute fixés sur le devant de son cadre ....
ça commence à dater tout ça

