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RACONTE-MOI MA FAMILLE N°6 L'estaminet de Marguerite
par Paul-Frantz le, 05/08/2021  

“Raconte-moi ma famille...” N° 06 - Récits de famille, racontés par nos anciens.
Par Paul-Frantz VIDAL (famille maternelle à Fouquières-lès-Lens)
"L'ESTAMINET DE MARGUERITE"


En 1841, alors que l'on creusait un puits artésien à Oignies, en pleine Thiérache, cette plaine riche ou poussait le lin, on fit la découverte qui modifia à jamais la destinée de cette belle région agricole : le charbon !

Il fallut quelques années pour que les sondages, les relevés de terrains et les autorisations administratives puissent permettre de lancer l'exploitation sur une grande échelle. Fouquières-lès-Lens se trouve bien sûr dans la zone de future exploitation. Bonchrétien LOYEZ et son épouse Florentine vivent toujours de la culture du lin, mais peu à peu les terres perdent de leur valeur, car le charbon gagne du terrain.

Les expropriations prennent un rythme accéléré car les propriétaires ne peuvent s'y opposer. En 1852, va naître Alfred François LOYEZ, mon arrière-grand-père. C'est lui qui verra la chute de ce qui était la fortune de sa famille. Son père n'a plus aucun goût au travail, et sa mère est lasse d'essayer d'empêcher son mari de dilapider le peu qui reste.
Quand son père meurt, il a juste dix-huit ans et les terres de la famille furent achetées pour une bouchée de pain. Il se refusa à travailler à la mine et dû se contenter de petits métiers saisonniers. Sa mère aura juste la joie d'assister à son mariage en 1885, avec Henriette THAON, une jolie fille de Bailleul-sur-Berthout, et s'éteindra la même année.

C'est ainsi que naquit Marguerite, ma grand-mère, un an plus tard, dans une famille pauvre. Elle sera l'aînée de onze enfants. Autant dire que l'on n'avait pas d'argent pour les envoyer à l'école. Alors, dès l'âge de onze ans, il fallait travailler. C'est à cet âge que Marguerite commença à faire des lessives chez des gens, pour aider à nourrir ses frères et sœurs. Je n'en ai connu que deux, son frère cadet Kleber, et la plus jeune, dont elle a été la seconde mère, Jeannie.

Le vingtième siècle commençait, Marguerite rencontra Dartagnan. Il était fort, blond, les yeux bleus perçants. Il n'était pas très grand, mais d'une puissance hors du commun, capable de broyer n'importe quoi de ses seules mains. Entré à la mine à treize ans, il acquit sa musculature en poussant les wagonnets de charbon, puis à attaquer la roche à la force des bras, au moyen de son pic.
Pour quitter la mine, cette mangeuse d'hommes, il décida de devancer l'appel sous les drapeaux. A dix-huit ans il prit un engagement de trois ans dans l'armée. Et, au printemps de l'année 1900, Il fut versé dans un régiment prestigieux, les Chasseurs Alpins !
Hé oui, cela paraît étonnant, mais, à cette époque, le recrutement des soldats de la neige, régiments d'élite, se faisaient parmi les jeunes les plus forts, les plus résistants. Ce mineur musclé, au torse puissant, ne pouvait pas ne pas en être, malgré sa petite taille. Parmi eux il y avait les "chasseurs à pied", ceux qui formaient le gros des effectifs dont fit partie Dartagnan.

Trois ans plus tard, il revint "au pays", galonné (il était devenu sergent, aimé de ses chefs et de ses hommes, et surtout champion de tir, ce qui lui valut les insignes de "tireur d'élite"). Dartagnan dut alors retourner travailler à la mine pour gagner sa vie.
Quand ils se sont mariés, en 1905, il avait vingt-trois ans, et elle, tout juste vingt ans. Quelques temps plus tard, ils eurent l'occasion de prendre en gérance un débit de boisson, un "Estaminet" comme on disait dans la région. Ainsi, Marguerite tenait le café dans la journée, et Dartagnan, après son travail à la mine, venait l'aider à servir les clients du soir. Dans ce pays, rongé par la mine et l'industrie du charbon, l'estaminet était le lieu de détente des hommes du "fond", après une dure journée, passée dans la poussière et la moiteur des galeries de mine.

Comme c'était la coutume en ce temps-là, la conscription allait au-delà du seul service militaire. Les garçons d'une même année, la "classe" comme on disait, se réunissaient une fois l'an pour parler du temps militaire, et boire un coup ensemble. C'était aussi l'occasion d'enfiler un instant les habits militaires, que chaque homme s'enorgueillit toujours de porter.
Dartagnan était fier de son uniforme noir, de sa longue cape aux revers doublés de beige, et surtout, de son béret immense qu'il portait toujours très incliné sur le côté. C'est leur ténacité et leur bravoure au combat, qui valut aux Chasseurs Alpins d'être d'abord appelés "les Diables Noirs" par les soldats allemands, pendant la première guerre mondiale. Ils se rebaptisèrent ensuite eux-mêmes "Diables bleus", lorsque changea la couleur de leur uniforme.

Ce soir-là, Dartagnan rentra donc un peu plus tard, passablement éméché par les "santés" portées en l'honneur des régiments. L'estaminet était plein de clients. Marguerite, comme Gervaise, l'héroïne de Zola, faisait fonctionner "l'assommoir", la machine à produire l'absinthe.
Lorsqu'il est entré, vêtu de sa grande cape, coiffé de son grand béret, il entend un des hommes accoudés au comptoir, un colosse aux cheveux roux, s'écrier d'une voix forte en le désignant :
- Tchien, v'la ch'marchand port'monnaie…!
(Tiens, voilà le marchand de porte-monnaie…!)
Il faut dire qu'à cette époque, il y avait de nombreux émigrés marocains qui, faisant le métier de colporteur, passaient dans les campagnes pour vendre de la "maroquinerie", c'est-à-dire principalement des portes monnaie et des sacs. Ils étaient de petite taille et portaient souvent un béret.

Bien sûr, Dartagnan comprend l'allusion blessante, et s'avance près du fanfaron.
- Quoqut'a dit ? Demande Dartagnan, l'air menaçant.
(Qu'est-ce que t'as dit… ?)
L'homme se plante devant lui, le toise de toute sa hauteur, puis, en élevant le ton pour que tout le monde entende bien, il s'exclame :
- Bin, min tiot pèr', ch'est-ti donc eune vaqu' qué t'a quié sul têt' ?
(Hé bien mon p'tit père, c'est-y donc une vache qui t'a chié sur la tête ?)

Sûr de sa taille et de sa force, le grand mineur ne s'attendait pas du tout à ce tourbillon de violence, de puissance, et de hargne dans lequel Dartagnan l'entraîna aussitôt. Devant l'assistance médusée, l'homme fut bousculé, plié en deux, frappé, jeté à terre, soulevé à nouveau, frappé encore… Et tout cela sans avoir pu seulement rendre le moindre coup à ce diable déchaîné qui le faisait virevolter comme un fétu de paille…
Certains clients quittaient l'établissement sans demander leur reste, on ne sait jamais…!

Le hasard voulut que Marguerite soit, à cet instant, dans l'arrière-cuisine, et donc n'ait pas assisté à la scène. De plus, la trappe qui s'ouvre dans le sol pour accéder à la cave, était restée ouverte. Vous imaginez aisément ce qui est arrivé : l'homme s'est retrouvé dans la cave, au pied de l'échelle, mais sans l'avoir utilisé pour descendre. Sa chute brutale le laisse inanimé sur le sol humide. Dartagnan, dont la colère est tombée d'un coup, du bord de la trappe, regarde atterré le corps immobile du client gisant dans la pénombre. D'autres clients s'approchent timidement, et regardent…

Réalisant le côté dramatique de la situation, Dartagnan se précipite vers l'arrière-cuisine où Marguerite lave des verres :
- Margot… Vite, ! Fait t'valiz'… Euj'viens d'tuer in client…!
(Margot… Vite, fait ta valise… Je viens de tuer un client)

Heureusement, Margot n'eut pas à faire ses bagages pour partir sur les routes avec son assassin de mari. L'homme, sérieusement groggy, demandait qu'on l'aidât à sortir de la cave.

Dartagnan, soulagé de la tournure heureuse de la situation revint aider sa victime qui, cette fois, le regardait avec une certaine crainte, mêlée de respect. Tout le monde se calma, l'homme fut réconforté, on offrit une tournée générale, et tout se termina dans les excuses réciproques. L'homme précisa qu'il ne savait pas qu'il avait affaire à un gars de la mine, et dit qu'il se serait gardé de cette réflexion s'il l'avait su. Il n'a pas précisé qu'il ne s'attendait surtout pas à trouver tant de force physique et de vivacité, dans un homme plus petit que lui…

A bientôt… ! Pour d'autres récits !


 


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