Un poète gaumais Francis André, que j'ai bien connu et qui était le grand chantre des mineurs.
le :
26/03/2006 par : Stévenot Gilbert
Francis André est un paysan humain, familier d'un terroir, d'une nature où l'homme a eu tous les espaces pour libérer sa démence.Nous allons l'accompagner en nous évadant de la nature à l'usine et à la mine....
" des usines là-bas
où la terre et le ciel sont noirs et mutilés "
Les cités broient l'individu, les campagnes l'exaltent. Quoi d'étonnant alors si, au coeur des cités le poète ne se sent pas chez lui:
" J'ai cherché en vain l'accord de la vie parmi tous ces yeux et tous ces visages "
Et pourtant la solidarité n'a que faire des divisions arbitraires que les différents types de civilisations ont imposées aux hommes. C'est une main fraternelle,encore qu'un peu tris-te, que le paysan tend à son collègue des complexes industriels:
" Je vais parmi les champs semant à pleines mains l'amour des travailleurs lointains, dea camarades qui sont là-bas, au fond des mines et des forges, et dont l'âme est ici maintenant qui rayonne en vous, poussière noire et poussière dorée...Je vais,dans le soleil et la joie et l'amour, faisant le geste qui rassemble dans ma main l'effort vivant des milliers de mains fraternelles."
C'est surtout aux mineurs- les plus déshérités parmi les travailleurs- que va l'ardente sympathie du poàte:
" Je suis un vieux mineur,un vaillant compagnon qui peine dans son trou comme une sombre bête, et qui, le soir venu, prend dans ses mains sa tête pour chercher dans la nuit quelques lointains rayons? Je sais un travailleur qui pense...
On peut reconnaître en ce vieux mineur un autre écrivain prolétarien bien de chez nous- Constant Malva !
Voilà très sommairement présenté mon regretté ami Francis André, un poète paysan vers qui il fallait aller les mains ouvertes.
S'adressant à son épouse:
" Je ne te donnerai ni bijoux, ni richesses, ni jouets pour tes mains, ton esprit et ton coeur...Je ne te donnerai, mon Aimée,rien des choses que font étinceler dans leurs mains méprisables les parasites, les inutiles, les impurs... Je suis un travailleur et n'ai droit en ce monde qu'aux biens que m'ont donnés mon travail, mes efforts. Je n'ai rien que cela que j'ai créé moi-même, qui est mon oeuvre, et que j'ai aussi espéré de la terre.
Je ne puis te donner que ce corps sans beauté, ce coeur sauvage et ses pauvres mains rudes qui peineront pour toi jusqu'à la fin des jours, qui lutteront pour toi, qui prendront dans les choses un peu de joie, un peu de lumière por toi...
Voici mon champ et ma maison, ma houe et ma charrue,voici mes bêtes, mon cheval qui a toujours marché à mes côtés, mon pain amer, voici ma rude couche et mes rudes amours.-
Veux-tu les partager avec moi sur la terre ?
Voilà l'hommage que je voulais rendre à Francis André. Quand il chantait sa petite chevance, c'était toute la terre du monde qui se mettait à palpiter.
Gilbert Stévenot