l'affaire de Bruay en Artois (1)
par PAILLART André le, 12/10/2007Bien que n'ayant aucune preuve, le juge Henri pascal a inculpé le notaire Pierre Leroy en s'appuyant sur le motif suivant:
"Un faisceau de présomptions graves et concordantes". Motif d'inculpation jugé beaucoup trop léger pour les avocats du notaire qui demandent sa mise en liberté provisoire.
Henri Pascal fait front à sa hiérarchie judiciaire, subissant elle même les pressions de notables auxquelles elle n'est pas insensible.
L'affaire prend alors une tournure politique. Le juge Pascal n'avance guère dans le dossier de cette affaire complexe. La reconstituttion du crime est complètement stérile.
Le 18 Juillet 1972 aprés plus de trois mois d'incarcération, Pierre leroy est remis en liberté.
Cinq jours plus tard, Henri Pascal n'hésite pas à inculper et à faire écrouer Monique Mayeur, la maîtresse de Pierre Leroy.
Elle a en effet aussi fourni lors de son audition, des versions contradictoires de son emploi du temps. Son alibi est plus que douteux...
Le 20 Juillet, les avocats de Pierre Leroy obtiennent le désaisissement du dossier de l'instruction du juge Pascal qui garde cependant en charge la supervision du dossier d'une affaire de meurtre similaire la même année ,à Cauchy à la Tour.
A Bruay c'est une véritable émeute qui se dresse devant cette décision.
"Le comité pour la vérité et la justice" créé par le mineur syndicaliste Joseph Tournel et soutenu par l'écrivain et philosophe Jean Paul Sartre, escorté de 2000 bruaysiens défile de leur ville jusqu'au palais de justice de Béthune. Aucun aboutissant en résultera.
Monique Mayeur sort à son tour de prison le 31 Juillet 1972.
Le dossier est cette fois confié à un magistrat parisien, le juge Jean sablayrolles.
Une nouvelle enquête redémarre avec un coup de théatre intervenant plus d'un an aprés le crime, le 18 Avril 1973.
Un camarade de Brigitte Dewèvre, Jean Pierre Flahault, 17 ans avoue aux autorités être l'auteur de cet assassinat.
Sur ses indications, on retrouve à son domicile les lunettes de Brigitte, que ni sa mère, Mme dewèvre, ni l'opticien de la rue des Escaliers, Mr Saindrenan n'identifieront.
Le jeune Flahaut qui faisait partie du groupe d'adolescents qui ont découvert Brigitte est un orphelin perturbé qui vit avec son frère dans le même coron minier que la malheureuse victime.
Il avoue et se rétracte quelques jours plus tard. Son récit de l'assassinat au même titre que la reconstitution du crime sur le site sont invraisemblables.Il sort de prison le 15 Juillet 1975 aprés 25 mois de détention, acquitté au bénifice du doute.
Pierre Leroy et Monique Mayeur qui se sont mariés entre temps ont bénéficiés d'un non lieu.
Trente cinq années plus tard, le mystère de l'affaire de Bruay en Artois reste entier.
La rue de la Comté et son quartier attenant ont entièrement été rénovés. Une ravissante cité agrémentée de jardinets et de pelouses soignées a poussé sur le le terrain vague.
Au fil des années les principaux protagonistes de ce microcosme théatral sont tous décédés.
Le juge Henri Pascal devenu avocat au barreau de Béthune à sa retraite est décédé en Mai 1989.
Maître Pierre Leroy est mort en Octobre 1997.
Léon Dewèvre, le père de la victime, est décédé le 29 Novembre 2003. Il est enterré avec sa fille Brigitte au cimetière du quartier du N°3 à Bruay.
Monique Mayeur,atteinte depuis longtemps par la maladie décéda et fût enterrée le 29 Janvier 2005.
Bruay en artois est devenue Bruay Labuissière aprés avoir annexé la commune voisine, mais je pense aussi pour faire oublier les stigmates de cette ténébreuse affaire surmédiatisée.
Il n'y a jamais eu de monument édifié à la mémoire de Brigitte sur l'emplacement de l'ancien terrain vague oû son corps fût découvert.
Le monument, c'est Thérèse, la maman de Brigitte qui l'a édifié, chez elle jour aprés jour.
Brigitte est partout, sur la télé, sur le buffet, en photo parmi les élèves de 4 eme du CES Rostand de la rue d'Isbergues.
Elle a éternellement quinze ans et demi...
(fin)