femmes au charbon
par kiki le, 24/11/2007Comment cela, des femmes au fond, lorsqu’on n’a cessé de clamer le métier inhumain ? Se peut-il qu’il y en eût pour respirer la poussière des nuits souterraines ?
Oui, il y eut des femmes-mineurs puis d’autres à des travaux du jour. Autant dire tout de suite qu’elles furent des femmes à la trempe peu commune, poussées par la nécessité car à l’époque les métiers féminins, ici, n’offraient guère le choix, et elles suivaient tout naturellement, l’exemple familial, père ou frères.
Peut être n’y en eut-il pas beaucoup à l’abattage mais les tâches qu’on leur assignait n’étaient pas pour autant de tout repos. Parfois dans des équipes mixtes, elles « faisaient leur homme » à transporter le boisage, à pousser balles et barrous.
On leur faisait aussi casser les gaillettes pour en tirer des « têtes de moineaux ». Elles furent imagerie la plus répandue, trieuses et hercheuses, à la jupe et au tablier de sac, le front ceint d’un linge blanc ou bleu.
Celle-ci, veuve d’un mineur tué par un éboulement, avait, à 43 ans, repris le collier pour élever ses enfants et se faire une maigre demi-pension : 16 ans de service ; c’était en 1949, pas si loin de nous.
Cette autre, pendant dix ans, a trié au tamis à main les petites gaillettes, le poussier et les pierres, répartis dans les « banses » d’osier.
Comme l’homme, elles se levaient avant l’aube, faisant le chemin en sabots. Pour se « soutenir », le boutelot de café et les tartines beurrées.
L’une des dernières de ces femmes au charbon semble avoir été, à Oignies, en 1960 alors proche de la retraite, Mme Antoinette Caron qui, en 22 ans de services, travailla au triage de tous les puits de la compagnie d’Ostricourt. Elle habitait rue… Zola !
Voix du Nord 22 Dec 1990.


