Catastrophe de Courrières, résumé (8)
par bourdonb le, 25/03/2008L'ODYSSÉE DES RESCAPES
Le lendemain de la catastrophe, vers 8 heures, l'ingénieur des mines Leprince-Ringuet, le chef-porion Pélabon et le délégué mineur Simon dit Riq descendent dans la mine meurtrière par le puits de la fosse 10 de Billy-Montigny.
Ils explorent divers chantiers de la fosse 2 et de la fosse 3 et visitent tous les accrochages de cette fosse ; ils passent notamment aux accrochages 231 et 280.
Ils remontent vers 14 heures. Partout des éboulements, des cadavres, des débris humains. Aucun espoir de retrouver des survivants.
Après avoir examiné la situation, les spécialistes de la mine décident de boucher les orifices des puits 3, 4 et 11. A partir des puits 3 et 4, des ventilateurs aspirent l'air vicié, amenant de l'air frais par le puits 2 resté ouvert, l'objectif étant d'une part l'enlèvement des cadavres assez nombreux près du puits 2 et d'autre part la reconnaissance du feu supposé la cause principale de l'explosion.
Il n'y aurait plus de survivants, et pourtant .. .
Le 10 mars, dans un quartier de la veine Joséphine, au niveau 326, dix hommes ont été épargnés par l'explosion. Ils se regroupent à l'étage 280 et gagnent l'accrochage 231.
Personne ne répond à leurs appels dans le puits. Parmi eux, Nény. Perdant patience, celui-ci entraîne le groupe à revenir au point de départ, l'étage 326. Pour leur malheur ! Car le lendemain, trois hommes passaient à l'accrochage 231.
Les dix hommes retournent donc à l'étage 326. Dans un plan incliné, ils sont pris par les gaz et dégringolent sur une trentaine de mètres.
Wattiez, Anselme Pruvost (15 ans), Boursier, Martin (14 ans) et Nény (blessé) reprennent successivement leurs sens. Les autres sont morts.
Dans la bowette 326, les survivants découvrent l'ampleur de la catastrophe. Wattiez frappe sur un tuyau. Au loin, du côté de la veine Adélaïde, quelqu'un répond. Mais impossible de se frayer un passage à travers les éboulis.
Après discussion, Wattiez décide alors de remonter vers l'étage 231. Boursier et le jeune Pruvost le suivent. Nény et Martin restent sur place.
Qui avait répondu à Wattiez ?
Dans une taille du quartier Adélaïde, entre les étages 280 et 326, onze hommes ont été également épargnés par l'explosion.
Charles Pruvost, 45 ans, est le plus ancien du groupe. Sur ses conseils, les onze hommes remontent à l'étage 280, César Danglot en tête. En chemin, des gaz forment un écran. Ils reviennent à 326 ; ils y trouvent un cul de sac où l'air est respirable : il est 9 heures.
Vers 15 heures, l'inactivité pesant, le groupe Pruvost remonte vers 280 où les gaz les poursuivent. De retour à l'étage 326, ils ne sont plus que huit. Ils se réfugient dans le cul de sac qui deviendra en quelque sorte leur quartier général.
Leur estomac crie famine. Ils mangent leur « briquet », vivent quelques jours avec les casse-croûte des morts, et se retrouvent sans vivres. Se laisser mourir de faim, de soif : pas question.
L'un enlève l'écorce d'un bois et la mange. Voilà pour la faim ! ... Il urine dans un bidon et en boit le contenu. Voilà pour la soif ! ... Plusieurs l'imitent, pour le manger seulement. En guise de boisson, ils préfèrent l'eau d'une rigole, une eau mélangée d'urine, de poussières de roche et de charbon. Un breuvage avec un arrière-goût de sang humain. La folie les gagne. Pendant un quart d'heure ? Heureusement, ils trouvent une eau meilleure suintant sur un roche .-.
Comment sortir de la mine ? En ouvrant d'abord un passage dans les éboulis. Ils s'organisent en conséquence ; à tour de rôle, ils déblayent bois et pierres. Pour « voir clair » le plus longtemps possible, une seule lampe est allumée pour ceux qui travaillent ; les autres vivent dans le noir.
Ils réussissent ainsi à se frayer un passage d'une soixantaine de mètres. Déception : devant eux, un autre éboulement. Ils reviennent en arrière, d'autant plus découragés et abattus que la faim les tenaille.
Dans la voie, soudain, les pas d'un cheval. Il va et vient. Les hommes le reconnaissent : c'est « Ecuyer ». Celui-ci leur tient compagnie un moment. Mais la faim est là. Après de nombreuses hésitations, « Ecuyer » est abattu.
A 300 mètres sous terre, c'est le festin.
Entre-temps, que sont devenus Boursier, Wattiez et le jeune Anselme ? Ils ont réussi à gagner l'accrochage 231 où ils ont eu la chance de trouver de l'eau ; ils se nourrissent d'écorces de chênes, sauf Boursier qui avale des toiles de mallettes vidées. Plus tard, ils découvrent une réserve d'avoine dont ils se rassasieront.
Après le festin, il faut se remettre au travail. En vain les huit hommes cherchent une issue .. .
Catastrophe de Courrières, résumé (9)

