Lorette 1ère partie
par bourdonb le, 28/08/2005Lorette : un nom qui m'est familier. Il évoque une Chapelle - Basilique et une Tour Lanterne que j'apercevais facilement d'un coin de ma terre natale, la cité 2 de Mazingarbe. Une Tour Lanterne? Mes camarades et moi-même disions le «phare » Les soirs des beaux jours, nous regardions « tourner sa lumière », silencieux, couchés sur un terrain herbeux ou assis sur l'accotement d'un chemin.
Lorette : un lieu de pèlerinages auxquels j'ai eu l'occasion de participer, un lieu auquel j'accédais par un chemin partant de la R. N. 37, traversant le bois des « Boches », longeant le « Fond de Buval ».
Lorette : un plateau s'avançant tel un promontoire au-dessus de la plaine de Lens, un plateau dominant la moitié du bassin houiller du Nord de la France, un plateau d'accès facile côté Aix-Noulette, très escarpé côté, Ablain Saint-Nazaire et Souchez, avec une série de contreforts l'éperon Mathis (jouxtant le bois de Bouvigny), le Grand-Eperon, l'éperon des Arabes, l'éperon de la Blanche Voie et l'éperon de Souchez.
Un plateau qui doit son nom à une chapelle érigée en 1727 par un peintre, ancien malade, Florent Guilbert, guéri à Lorette (Italie) dans la Santa-Casa de la Vierge.
Une chapelle détruite en 1794, reconstruite en 1816, agrandie en 1880.
Le plateau de Notre Dame de Lorette : un observatoire, un point stratégique, le dernier bastion avant la Manche. Un plateau dont les Allemands se sont assurés les vues dans leur « course à la mer » a arrêtée le 15 octobre 1914.
La ligne de front français, stabilisée à l'ouest de Carency et d'Ablain-Saint-Nazaire occupés par les Allemands, traverse le bois de Bouvigny à 1 000 mètres environ de la Chapelle et rejoint la route Arras - Béthune, près d'Aix Noulette.
Le plateau de Lorette, les Français sont résolus à le reprendre. Au cours des mois d'hiver, dans le froid, sous la pluie et dans la boue, sous le feu des batteries allemandes, ils ont « multiplié les tranchées, les boyaux et les cheminements, disposé une forte artillerie sur le terrain en arrière, construit, pour les ravitaillements et les évacuations, des chemins de fer à voie étroite, aménagé des dépôts de munitions, de vivres, des réservoirs d'eau »
(Entre guillemets, ainsi que pour les textes suivants, extraits du récit officiel de la victoire de Lorette.).
En face, du grand Eperon à la route précitée, les Allemands ont aménagé plusieurs lignes de tranchées profondes renforcées de sacs à terre et de sacs de ciment, une zone couverte par des réseaux doubles et triples de fils de fer barbelés et de chevaux de frise. De 100 mètres en 100 mètres, des barricades garnies de mitrailleuses. Des fortins avec fossés, grilles, abris-cavernes. Des mitrailleuses à Ablain et à Souchez prêtes à balayer toutes les attaques françaises sur les flancs du plateau. Une artillerie puissante dissimulée à Angres et dans la vaste agglomération de Liévin.

