la mort d' un géant
par minloute le, 21/07/2011ché pas d' mi, j a lu cha ch' matin dans un jurnal d' la Voix du Nord qui date du 22 décembre 1990
chéto un encart au miyeu d eune page , intitulé comme cha "la mort d un géant"
j a qu un regret ché que j' peux pas vous en citer l' auteur ché pas précisé
mais ché un magnifique texte qui a pu qu' à lire et à vivre en direct
"ça Monsieur , c'est le bassin minier qui fout le camp
L'homme qui vient de me lancer cette réflexion, tandis qu' à travers les arbres frissonnants je découvre le chevalement du 15 de Méricourt, est peut etre un ancien mineur ou un ingénieur
Peu importe ! Je le regarde s' éloigner sur le carreau de la fosse où, dans quelques minutes , le géant d' acier va s' écraser
Tous ceux qui sont là ne sont pas forcément tristes
Du moins en apparence
Il y en a meme qui lancent quelques blagues en patois un peu comme si c'était la fete
Certains n' hésitent pas à souhaiter "la bonne année"
Personne ne les entend
Chacun est grave Chacun a les yeux fixés tout là haut à 42 m au dessus du sol
Regarde sa montre...........A 14 heures .........
Les spécialistes ont un peu de retard
Diable !
Pas facile d' ébranler 200 tonnes de ferraille
D'effacer autant d' années
De tailler dans la chair du souvenir
D' amputer la carcasse la plus tenace
Chacun aussi s' est éloigné du point de chute après que les services de sécurité l'aient réclamé à plusieurs reprises
Et chacun encore , peut dès lors assister au spectacle
Un peu comme une provocation, le ciel s' est mis au bleu
Mais les nuages ne sont pas fous
Ils sont également au rendez vous
Certes, il ne font que passer rapidement, en blanc, en gris, en noir
Ils s' effilochent sur l' horizon pour y mourir
Le soleil est très bas
Il inonde de temps à autre le squelette de fer au pied duquel giclent les étincelles des chalumeaux
C'est à peine si le cable a le temps de se tendre
Un craquement : j' ai juste le temps de prendre 3 clichés
un simple gémissement en embrassant la terre gorgée de charbon
Et c'est tout ! le chevalement du 15 a vécu
Silencieusement, ils se sont approchés de ce qui n'est plus qu' un cadavre
Tordu
Désarticulé
L'ont touché délicatement, dans une derniere caresse
Puis ont vu
A travers ses jambes brisées, sur fond de ciel soudain moins bleu, tel un fantome, le chevalement du 3
Qui s' accroche encore au paysage
Qui souffre de ses blessures
Qui compte ses heures
Qui semblait pleurer la mort de son ami
Pomettes rougies par le froid, mains engourdies au fond des poches, cols relevés, les hommes de la mine ont rejoint leurs maisons
Il commençait à faire très froid
Dans tous les coeurs
C' était le 7 janvier 1988"


